Les emplacements ou le nerf de la guerre du FoodTrucker

Il y a presque 2 ans, j’exposais avec quelle facilité j’avais réussi à obtenir mes premières promesses d’emplacements….La naïveté de la débutante ! …J’en rigole à présent… un peu jaune quand même.

Le premier emplacement m’a lâché alors que je recevais le food truck après 3 mois d’une longue attente. Une gentille mairie qui n’avait pas encore exposé le projet en conseil municipal alors que je les avais pourtant prévenus tous les mois de l’avancée du projet. Au final, c’est une cliente, plusieurs semaines après mes premiers tours de roues avec le Truck, qui m’a informé qu’elle avait voté (lors du conseil municipal) pour que je vienne au moins une fois par semaine sur la dite commune mais que les commerçants m’avaient sentie comme une menace pour leur activité… heu… Est il nécessaire d’épiloguer sur le fait que le truck devait venir une fois par semaine durant 3h maximum ? … No Comment.

Le second emplacement devait se situer dans une zone d’entreprises dont les employés devaient faire plusieurs kilomètres pour se restaurer car il n’y avait pas de restaurants à proximité ou alors seulement des chaines de fast food « classiques ». 2 fois par semaine je devais y proposer mes préparations. L’emplacement devait être partagé sur la semaine avec 2 autres food trucks qui proposaient une cuisine bien différente afin qu’il n’y ai pas de redondance mais une complémentarité. Là encore, lâchage en bonne et due forme à l’arrivée pour cause de regroupement de communauté de communes. J’en comprends la complexité mais j’en ai quand même subit les retombées négatives me privant d’une autre possibilité de travailler. Dur dur à avaler sur le moment…

Munie de mon beau camion tout neuf mais surtout de mon téléphone greffé à l’oreille, je suis repartie à la chasse aux emplacements. Mails, coups de téléphone, réseaux d’amis et de connaissances… et beaucoup de culot !

J’ai testé plusieurs emplacements différents avec plus ou moins de succès : grands villages, zones urbaines, zones rurales, zones d’entreprises, zones commerciales…

Mes emplacements actuels sont le fruit de beaucoup de patience, mais aussi de beaucoup de belles rencontres : Des clients confiants et obstinés qui donnent ma carte de visite et mes flyers aux entreprises de leurs connaissances ; Des amis et de la famille au moins aussi motivés que moi ; Quelques adjoints et élus municipaux avec une belle ouverture d’esprit et ayant une forte envie de souffler positivement sur la dynamique locale, des partages sur les réseaux sociaux…

Dans le monde des truckeurs, nous pouvons dire qu’il y a 2 sortes d’emplacements : ceux du privé et ceux du public.

Un emplacement privé est généralement le parking d’une enseigne commerciale. Le terrain appartient à l’exploitant (ou il le loue) et il est libre d’autoriser le stationnement de qui bon lui semble. Avec ou sans contrepartie : troc de repas, finances… Tout se négocie au cas par cas mais généralement cela va assez vite. En quelques jours, voir même en quelques heures, c’est dans la poche. Savoir si l’emplacement fonctionnera est un autre sujet.

Un emplacement public dépend généralement d’une administration, d’une municipalité, d’une communauté de communes… et là cela se complique. Il y a des règles à respecter concernant l’occupation d’un tel sol et les négociations peuvent prendre plusieurs semaines voir même plus probablement plusieurs mois…. Quand il y a négociations !

Nous sommes dans une période qui se veut valorisante pour les porteurs de projets, les créateurs d’entreprises, toutes formes d’idées visant à baisser le taux de chômage mais, force est de constater que dans la pratique, faire sa place dans le monde de entrepreneuriat n’est pas une mince affaire (bon ça on le savait déjà hein !) Mais sans vouloir faire de généralité car l’activité de restauration ambulante qui est la mienne est quand même relativement particulière, il est un fait à mettre en évidence : les collectivités locales ne sont généralement pas très aidantes. Plus la commune est importante et moins elle est ouverte à la nouveauté et d’autant moins à l’arrivée de food trucks sur son sol.

Quelles sont les raisons de telles réticences vis à vis des food trucks ?

Parce qu’il a fallu que je me pose la question quand même…j’ai donc identifié quelques raisons :

  • * Beaucoup de personnes ne connaissent tout simplement pas encore le concept pur et dur du vrai food truck : on ne connait pas donc, on rejette.
  • * Souvent le food truck est assimilé à une friterie à l’hygiène douteuse : honnêtement, j’ai fait longtemps le même amalgame, heureusement les règles d’hygiènes et de salubrité sont de plus en plus exigeantes en restauration et les food trucks ne sont pas exempts de les appliquer, loin de là. (à noter que je viens même d’être contrôlée et j’ai obtenu la « note » « Très satisfaisant » )
  • * Le food truck est souvent assimilé uniquement aux burgers-frites ou aux kebabs ou encore aux pizzas : là on va dire que tout dépend de la région dans laquelle on se trouve. En région parisienne le food truck est relativement répandu. On trouve toutes les cuisines du monde représentées sous cette forme facilement accessible du Food Truck. Dans le Sud Ouest, la gastronomie de terroir est mise en valeur par ce concept…
  • * Autre hypothèse : Les commerçants locaux sont inquiets car ils pensent que c’est une concurrence de plus qui va leur prendre leur clientèle. Oui…mais Non ! Un food truck est un ambulant. Son identité est justement de ne pas être sédentaire et de changer d’emplacement tout au long de la semaine et des saisons. On apporte un petit plus là où l’offre n’est pas présente ou bien différente. Il faut vraiment comprendre que le food truck apporte un nouvelle touche d’originalité dans un environnement existant, une nouvelle dynamique voir même de nouveaux clients dans un environnement dans lequel ils ne viendraient pas initialement et donc des consommateurs potentiels supplémentaires pour tout les commerçants.

Il y a de la place pour tout le monde et pour tous les types de restauration. Le fait d’être nomade ne devrait pas être pénalisant. Nous aussi nous payons des charges, des crédits, des investissements, des taxes. La notion de concurrence soit-disant déloyale, que l’on entend régulièrement, n’a vraiment pas lieu d’être évoquée.