Il était une idée … (5) … les formations

Sans certaines formations, la création d’entreprise est impossible. Là encore, je ne vais pas me risquer à vous parler des domaines que je ne connais pas. Toujours est il que certaines de ces formations peuvent être prises en charges financièrement par différents organismes suivant la situation dans laquelle vous vous trouvez.

Pour le moment, créer un restaurant, un food truck, un snack… , cuisiner des plats salés et sucrés est une possibilité théorique pour n’importe qui. Officiellement vous n’avez pas besoin de diplômes pour cela… mais honnêtement… un minimum de connaissances culinaires me semble quand même indispensable mais cela est un autre débat… Pour ouvrir une pâtisserie ou un établissement qui ne proposera QUE du sucré que vous réaliserez vous-même, un diplôme de pâtissier est indispensable : minimum un CAP. Au pire, il vous est possible d’embaucher une personne ayant ce diplôme et de travailler sous sa « direction » … ou alors d’être simple revendeurs de produits industriels. Question de choix…

Pour ma part, j’ai un CAP et un BEP de restauration et un Baccalauréat technologique en hôtellerie et restauration. Ne me demandez pas en quelle année j’ai eu tout ça, cela vous donnerait une idée trop réelle de mon âge ! 😉

Début 2013, après mon licenciement économique, quand j’ai commencé à travailler sur un projet de création d’entreprise, il était déjà évident pour moi que je reviendrais à mes premiers amours professionnels ! la cuisine. D’une manière ou d’une autre. Il m’était donc indispensable de faire la formation obligatoire HACCP (hygiène en restauration). J’étais alors en CSP (contrat de sécurisation professionnel). La formation de 14h (2 jours) a été prise en charge par un organisme auquel avait cotisé mon ancien employeur. J’ai beaucoup apprécié cette formation. Intéressante, ludique, le formateur nous a donné de nombreux cas très concrets, ce qui en a fait une formation vivante et riche. De quoi parle t on durant ce temps ? : de conservation des denrées alimentaires, de températures, de microbes et de bactéries, de maladies et d’infections dues aux aliments mal conservé et mal utilisés…

L’année suivante, considérées comme demandeuse d’emploi, pôle emploi a pris en charge ma formation au permis d’exploitation. Quelque soit le type d’établissement que je souhaitais ouvrir, il me la fallait. « Madame pole emploi » n’était pas du tout certaine de l’acquis de cette prise en charge mais, qui ne tente rien… A l’appui, mon dossier de suivi pôle emploi et les nombreux échanges que j’avais eu avec ma conseillère. C’est passé ! Là aussi j’ai été agréablement surprise du contenu de cette formation. J’avoue que je m’attendais à quelques chose d’assez rébarbatif voir soporifique hors, … cette formation de 2,5 jours a vraiment été intéressante et enrichissante. De quoi parles t on durant ces journées ? : de vente d’alcool, de vente de tabac, de loi, de la diffusion de musique, un peu de droit du travail, un peu d’embauche de salariés…

Aujourd’hui, à l’aube de commencer effectivement mon activité, je me réfère régulièrement aux notes prises durant ces journées !

Une autre formation est obligatoire quand on passe par une inscription à la chambre des métiers : Le stage d’initiation à la gestion d’entreprise. Je ne l’ai pas fait pour la simple raison qu’ayant déjà été chef d’entreprise dans une autre vie durant plus de 5 ans, j’ai pu demander et obtenir une dérogation. Toutes les infos sont là

Vous êtes toujours motivé ? Vous pouvez donc passer à l’étape suivante ! 😉

Il était une idée … (4) … Les aides à la création

Toutes les situations sont différentes et bien souvent les aides à la créations dépendent du statut que vous avez au moment où vous décidez de vous lancer : travailleur salarié ? demandeur d’emploi ? congé parental ? … Là encore, me faire accompagner m’a aidé à y voir plus clair. Il existe une certain nombre d’aides à la création d’entreprise, autant le savoir et en bénéficier quand cela est possible.

Pour ma part, j’ai eu la possibilité de solliciter Oise Initiative pour un prêt d’honneur à taux 0. (attention, il faut se faire assurer pour ce prêt : le coût peut varier de 40 à 90€ par an)

Picardie Active a été sollicité pour un prêt NACRE (aussi à 0%) et ce même organisme a instruit mon dossier de demande de garantie FGIF (Fond de Garantie à l’Initiative des Femmes).

Le FGIF intervient auprès de la banque afin de garantir jusqu’à 70% du montant du prêt sollicité auprès de la banque à condition que cette dernière ne demande pas au porteur de projet d’être caution solidaire sur le reste du crédit. Certaines banques ont tendance à « oublier » cette clause… il peut être utile de leur rappeler afin de ne pas perdre son temps avec une banque qui souhaite absolument que vous soyez caution solidaire… (attention là aussi le coût de la garantie est à prévoir : entre 600 et 700€ mais rien que le fait de ne pas devoir se porter caution solidaire ça les vaut !!!)

Je pense qu’il est toutefois utile de toujours avoir en tête que ces « aides » sont des prêts à rembourser, hein ! Pas des dons.

Il y a encore deux ou trois autres dispositifs d’aide à la création mais je ne vais pas me risquer à vous en parler pour la simple raison que n’en ayant pas bénéficié, je ne me suis pas informée dessus.

J’ai aussi demandé et obtenu l’ACCRE qui est une exonération partielle des cotisations sociales sur mes rémunérations… à condition de me rémunérer bien sur ! :/ Cette aide est à solliciter, sous certaines conditions, lors de la création de la société, dans mon cas, par la Chambre des Métiers lors de l’immatriculation.

Est il utile de préciser que toutes ces aides à la création d’entreprise demandent beaucoup de paperasse, de temps, de patience et de détermination ?… ! Il faut passer en commission une fois, parfois deux. Parfois on peut défendre soi-même son dossier devant 17 personnes, parfois nous ne sommes même pas convié aux réjouissances. Parfois il y a des papiers qui ne trouvent pas leur route en temps et en heure. Parfois certains documents ne sont pas vu/lu, ou atterrissent sur une pile… parmi d’autres et les délais de réponse s’en ressentent passablement…

Un grand nombre de fois, je dois avouer que j’ai eu la sensation d’être « juste » un chef d’orchestre qui dirige ses musiciens au lieu d’être une « chef d’entreprise » (en vrai je me l’a pète avec le titre pompeux de « Présidente directrice générale » !! lol !) qui essaie de créer une société de restauration locavore et eco-responsable…

Mais j’aime à voir le bon coté des choses et des événements… on va dire que c’est un peu un test grandeur nature de la détermination que nous avons à mener à bien nos projets de création. 😉

Il était une idée …(3) … les besoins financiers !

Une idée, un concept, des emplacements, du matériel… c’est bien. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut être terre à terre, dans la création d’entreprise, le nerf de la guerre, c’est avant tout l’argent !

Alors, oui, alors, vous me direz que sans argent, on peut créer.

Loin de moi l’idée de dire le contraire… J’ai même, par le passé, ouvert ma première entreprise avec un découvert autorisé de 250€ pour acheter mon premier fond de roulement…. !

Mais, il y a des projets qui ne peuvent vraiment pas s’en passer. C’est la cas du mien. Même si dans un premier temps j’ai décidé d’utiliser la majeure partie de mon matériel de cuisine et de pâtisserie personnel, il faut se rendre à l’évidence, ce n’est pas suffisant. Il ne s’agit pas de nourrir 5-6 personnes matin, midi et soir. mais plutôt d’envisager la restauration de minimum 25 personnes tous les midis, (voir même plus, bien sur !), 5 à 6 jours sur 7. Sans parler des prestations traiteur privées et des foires/salons…

Il faut donc penser à financer dans un premier temps :

* Le camion : une base d’occasion pour commencer, un aménagement et le matériel professionnel que l’on va utiliser au quotidien ; four, plaques, frigos, plancha… Je n’ai pas voulu lésiner sur la qualité des matériels professionnels. La plupart sont achetés neufs. Ils vont devoir me suivre plusieurs années sans faillir.

* Le petit matériel : sauteuses, poêles, casseroles et gamelles divers, cercles, moules, spatules, cuillères et autres louches… : beaucoup de récupération et  comme je le disais plus haut, j’ai du matériel personnel à amortir 😉

* Il est aussi important de prévoir des fonds pour la création administrative de la société. Monter une entreprise individuelle ne coute presque rien, par contre pour une sarlU ou une sasU, ce n’est pas la même et il est important de prévoir entre 1000 et 1400€.

* Les frais de banque divers et très variés, le matériel de CB, les frais de garantie si vous demandez un crédit important à votre banque, l’assurance du camion pour la première année, les premiers stocks d’emballages, de marchandises…

Il y a une chose que je n’avais pas calculé dans mon business plan initial :

* L’identité graphique de l’ensemble du projet : C’est en avançant dans cette création que je me suis rendue compte que c’était loin d’être facultatif ! Cela m’a semblé de prime abord peu nécessaire mais honnêtement, au fur et à mesure de mes lectures, j’ai du me rendre à l’évidence : pour ce type précis de projet, avoir une identité visuelle bien définie est vraiment indispensable. Si vraiment l’argent est un souci, on peut envisager de le faire plus tard, mais si cela est possible, il me semble important de le faire avant même d’avoir commencé à travailler « vraiment ».

C’est là que l’on voit l’importance du business plan. Autant en le faisant j’avoue que cela m’avait légèrement gonflée, autant en avançant dans le projet de façon concrète, avoir un business plan détaillé et complet c’est avéré indispensable. Il est important d’en parler autour de soi afin de recueillir les avis de la famille, des amis, des collègues… Le BGE m’a bien aidé en cela aussi. Me faire accompagner afin d’avoir des avis extérieurs, a été pour moi, une réelle chance.

Donc pour en revenir au sujet de base, une fois que l’on a fait le tour des besoins en financement(s), il faut bien sur faire le tour des ressources possibles. C’est souvent là que les choses commencent sérieusement à se compliquer…

Economies personnelles, banques, financement participatif, aides à la création d’entreprise, fondations … Il faut vraiment faire le tour de toutes les possibilités. Et là encore, ça prend du temps ! Beaucoup de temps !

J’ai rencontré quatre banquiers de quatre établissements différents. Le premier m’a reçu en 20mn chrono. Il a trouvé le projet « chouette » mais il m’a envoyé balader car je n’avais pas 30% de fonds personnels en apport. Gloups :/ Le second a été intéressé mais dubitatif. Il souhaitait attendre que les organismes d’aide à la création se prononcent avant d’envisager de remplir quoique ce soit. Le troisième a été très intéressé. Il m’a reçu durant 1h45. A commencé à remplir plein de paperasse. M’a posé plein de questions. J’ai enfin eu la sensation d’être prise au sérieux de que mon idée n’était financièrement parlant pas si loufoque que cela…. et le quatrième c’est carrément montré enthousiaste ! En sortant de son bureau, je savais que c’était avec CE conseiller là que je souhaitais travailler et donc forcément cette banque… ce qui tombait bien… c’était déjà « notre » banque ! lol !

Il a quand même fallu attendre que les organismes d’aide à la création d’entreprise se prononcent favorablement avant de pouvoir commencer à instruire un quelconque dossier de demande de prêt… 🙁

Et donc… Il y a eu juillet et août… puis septembre….puis octobre…

Il était une idée …(2) … Concept et emplacement

Début 2015, l’idée était devenue un concept à part entière.

J’ai passé des heures à lire tout ce que je pouvais trouver sur le sujet sur la toile et dans les revues spécialisées. J’ai rencontré des « Truckers », je suis allée à des salons thématiques sur Paris, j’ai fait une étude de marché et j’ai lancé un questionnaire à mon réseau personnel Facebook afin d’affiner mon offre.

Très vite j’ai su que je ne souhaitais pas proposer des burgers, frites et autres pizzas. Je souhaitais proposer autre chose. J’aime cuisiner. J’aime transformer, tailler, découper… Il fallait trouver quelque chose de bon et gourmand, facile à emporter et à manger.

Je suis tombée un peu par hasard sur un article de presse en ligne parlant d’un couple installé depuis quelques années en « Tarterie » dans le sud de la France. Ils alliaient tournées de marchés et boutique en proposant leurs tartes faites maison. J’ai trouvé l’idée un peu décalée au départ . Originale. Et puis j’ai sus que c’était ce que je souhaitais faire. : des tartes !  C’est convivial, différent, complet. Il est possible de les décliner à l’infini et comme pour toute cuisine en général, c’est le savoir faire du cuisinier qui fera la différence.

Le principe d’être locavore c’est imposé de lui-même dans la foulée quand j’ai commencé à chercher des fournisseurs de matières premières. Il y avait presque tout ce dont j’avais besoin à moins de 50 km autour de chez moi. Consommer le plus possible local est déjà une habitude de longue date dans notre quotidien familiale. Tout en essayant d’être eco-responsable. Appliquer nos valeurs personnelles à mon activité professionnelle était donc une évidence.

Puis je me suis attelée à la rédaction d’un business plan.

Hum Hum Hum… que celui qui n’a jamais maudit ce truc me jette la première pierre… moi j’ai bien faillit passer le pc par la fenêtre plus d’une fois ! Heureusement, le BGE était là encore une fois pour m’aider et m’orienter vers de bonnes pistes à envisager (ou pas) et à explorer (ou pas).

J’ai poursuivit par la recherche d’une société d’aménagement de camions en Food Truck. J’ai découvert que l’offre était très importante en France mais aussi très différente d’une boite à une autre. Là encore mon choix c’est porté vers une société juste à coté de chez moi.. j’ai décidé de rester dans le  locale une fois de plus mais, avantage non négligeable, ils personnalisent à souhait les aménagements afin de coller au plus prêt des besoins de leurs clients.

…chiffrage, chiffrons, chiffrez….les besoins en matériel en fonction de ce que je souhaitais offrir comme prestations à mes clients. Choix cornélien. Il faut maintenir un certain budget, sans brader la qualité des équipements qui doivent être utilisés et rentabilisés sur plusieurs années. Il faut aussi que tout rentre dans le camion, et ne pas dépasser un certain poids sous peine de devoir ensuite passer le permis pour les véhicules de plus de 3,5T.  Gloups … ! Une des  finalités étant d’obtenir un devis cohérent afin de rentrer des petits chiffres dans le business plan.

Gageure suivante à relever : l’emplacement.

En fait… les emplacements !  Parce qu’avec un seul emplacement, il n’est résolument pas certain que l’affaire puisse tenir à moins vraiment d’être très très bien située.

Le leitmotiv sur la toile a été de lire qu’il était particulièrement difficile de trouver un emplacement, à plus forte raison, plusieurs. Ce fut donc LA tâche à laquelle je me suis attelée entre mai et juin 2015. J’ai d’abord repéré différentes villes qui pouvaient m’intéresser géographiquement parlant. J’ai repéré leurs sites internet et les adresses mail… et je me suis lancée dans une petite présentation écrite du projet. J’ai envoyé 15 messages. Et j’ai attendu.

Première réponse des le lendemain : « Votre projet est très intéressant, nous vous encourageons à poursuivre… mais pas chez nous ». Ha… bon… ok. Soit.

Heureusement, la suite a été bien plus sympathique avec plus de réponses positives que ce à quoi je m’attendais…. En fait, je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais… peut être à devoir batailler pour obtenir des rendez vous, devoir aller sur des emplacements privés, demander à des société de squatter leur parking… Je me dis que mes années de commerciale m’ont bien été utiles, me permettant de vendre mon projet sous un aspect des plus engageant.

J’ai rencontré un certain nombre de maires adjoints. Exposé mon projet un nombre de fois que je n’ai pas calculé, reçu pas mal de compliments sur mon idée et ma façon de la présenter, (c’est toujours bon à prendre , hein 😉  )

Et après quelques semaines, j’ai reçu plusieurs réponses très favorables : centres villes, places de marché, zones d’entreprises… Même un peu plus de propositions que de temps disponible !

Que demander de plus ? :-)) (que cela fonctionne et qu’il y ai des clients, oui, je sais, mais cela sera une autre histoire… 😉  )